Un chiffre brut, sans fard : plus de 60 % des établissements financiers européens ont signalé au moins un incident majeur lié à leurs systèmes d’information ces deux dernières années. Et la tendance ne cesse de s’accélérer. La supervision renforcée des prestataires de services TIC critiques figure désormais parmi les priorités réglementaires de l’Union européenne. Le règlement DORA impose une responsabilité directe aux établissements financiers pour chaque incident lié à leurs systèmes d’information, même en cas de délégation à des fournisseurs externes. La conformité ne se limite plus à la mise en place de contrôles techniques, mais exige une traçabilité et une gestion proactive des risques sur l’ensemble de la chaîne numérique.
Des audits réguliers, la transparence contractuelle et la notification obligatoire des incidents deviennent des exigences incontournables. L’approche DORA redéfinit les standards de sécurité opérationnelle pour l’ensemble du secteur financier européen.
Pourquoi la sécurité des technologies de l’information et de la communication est un enjeu majeur aujourd’hui
Aujourd’hui, la sécurité et la résilience opérationnelle ne sont plus de simples options pour la gestion des technologies de l’information et de la communication (TIC). Réseaux, systèmes d’information et bases de données forment l’ossature de l’économie, de la finance, et même des institutions publiques. La moindre faille expose chaque acteur à des impacts immédiats : pertes de données, interruption soudaine de services, fuite d’informations sensibles.
Le constat est sans appel : les incidents TIC se multiplient, qu’il s’agisse de cyberattaques, d’agissements malveillants en interne, d’erreurs humaines ou de pannes techniques. Chaque menace révèle la porosité des infrastructures numériques. Un incident sur un système critique peut stopper net une chaîne de paiement, priver d’accès des services essentiels, ou saper la confiance du public. Maîtriser les risques TIC, c’est anticiper, détecter rapidement les failles et orchestrer une réponse coordonnée dès que l’imprévu frappe.
Mais la tâche se complique. Attaques toujours plus sophistiquées, systèmes interconnectés à l’extrême, dépendance accrue envers des prestataires externes : chaque point faible peut déclencher une réaction en chaîne, touchant aussi bien les entreprises que les citoyens. L’enjeu dépasse la technologie pure, il touche à la souveraineté, à la continuité des fonctions vitales, à la défense des droits fondamentaux.
Trois axes structurent la sécurité des TIC et illustrent ses implications concrètes :
- Protection des données personnelles et stratégiques
- Préservation de la confiance des usagers et partenaires
- Maintien de la disponibilité des services numériques 24/7
La question n’est plus de choisir d’investir ou non : toute organisation connectée aux réseaux et systèmes d’information doit placer la sécurité des technologies de l’information et de la communication au centre de sa stratégie.
Quels sont les risques TIC encadrés par le règlement DORA ?
Depuis janvier 2023, le règlement DORA a bouleversé la gestion des risques TIC dans le secteur financier. Numérisation accélérée, incidents à répétition : banques, assureurs, fintechs, sociétés de gestion… nul n’échappe à l’exigence de résilience opérationnelle numérique. La mission est claire : protéger la stabilité de tout l’écosystème financier.
Le champ des risques pris en compte par DORA s’étend bien au-delà des seuls cyberattaques. Sont visés : gestion des incidents majeurs, analyse des vulnérabilités des systèmes d’information, défaillances techniques, erreurs humaines amplifiées par l’automatisation, sans oublier les relations avec les prestataires tiers. Fournisseurs de services TIC et acteurs du cloud sont désormais soumis à la vigilance des autorités européennes de supervision.
Voici les principales obligations qui s’imposent, pour mieux encadrer ces risques :
- Notification des incidents : chaque incident majeur doit être signalé aux régulateurs, selon les procédures fixées par les normes techniques de régulation et les lignes directrices de l’EBA.
- Maîtrise des relations avec les prestataires : l’externalisation implique désormais un contrôle accru, une auditabilité transparente et la capacité de réversibilité, en particulier pour les prestataires jugés critiques.
- Évaluation continue des risques : cartographie précise, suivi permanent des expositions, scénarios de crise anticipés. Le secteur financier doit prouver qu’il sait anticiper et réagir à toute menace numérique.
DORA impose une nouvelle donne : briser l’opacité, imposer la transparence et organiser la coordination à tous les niveaux. Institutions, prestataires, superviseurs : tous sont tenus par des exigences solides pour stopper toute propagation systémique d’un incident.
Mesures concrètes et ressources pour renforcer la gestion des risques TIC
La gestion des risques TIC s’invite désormais dans le quotidien des acteurs financiers. Face à des attaques de plus en plus sophistiquées, il devient indispensable de multiplier les tests d’intrusion et de simuler des incidents majeurs. Les audits réguliers, qu’ils soient internes ou réalisés par des sociétés spécialisées, offrent une vision claire des vulnérabilités réelles des systèmes.
Pour renforcer cette démarche, il s’agit de s’appuyer sur un cadre rigoureux, nourri de pratiques éprouvées : classification des données sensibles, gestion des accès, journalisation minutieuse des événements. L’utilisation d’un réseau privé virtuel (VPN) permet de limiter les portes d’entrée, sécurisant les échanges, notamment à l’heure où l’externalisation des services TIC devient la norme.
Outils et ressources incontournables
Quelques leviers d’action s’imposent pour ceux qui veulent structurer une défense efficace :
- Déployer des solutions de détection d’intrusion et de surveillance en temps réel.
- Former chaque équipe à la gestion des incidents : chaque collaborateur compte dans la chaîne de résilience opérationnelle numérique.
- Actualiser sans relâche les plans de réponse et la cartographie des services TIC jugés critiques.
La notification rapide des incidents, exigée par DORA, va bien au-delà d’une formalité : elle favorise l’échange d’informations et permet une réponse coordonnée entre entités et autorités. Miser sur des outils de gestion centralisée des alertes, c’est s’assurer qu’aucune menace ne passe sous le radar.
La vigilance s’étend tout naturellement aux prestataires. Exiger des garanties de sécurité, auditer la conformité, contrôler la chaîne jusqu’aux données hébergées dans le cloud : autant de réflexes à adopter pour ne rien laisser au hasard.
Demain, la solidité de tout l’édifice numérique dépendra de cette vigilance partagée, du premier serveur jusqu’au dernier maillon de la chaîne. Face à l’imprévu, mieux vaut bâtir une forteresse qu’espérer que la tempête passe son chemin.


