Des territoires figurent encore sur les cartes officielles alors que leur disparition physique est déjà programmée. L’élévation du niveau des océans se mesure en quelques millimètres par an, mais elle détermine l’avenir de nations entières.
Des accords internationaux prévoient des protections, mais aucune disposition ne garantit la survie d’un État sans territoire. Plusieurs gouvernements anticipent des déplacements de population à l’échelle nationale et internationale, sans précédent dans l’histoire contemporaine.
Quels territoires sont les plus menacés par le changement climatique aujourd’hui ?
Le changement climatique redessine sans ménagement la carte des fragilités mondiales. Certaines régions, à la croisée des catastrophes naturelles, de la montée des eaux et de la pression démographique, se retrouvent en première ligne. Les pays menacés de disparition dans le futur ne se résument pas aux archipels lointains du Pacifique.
Dans les deltas surpeuplés du Bangladesh ou du Vietnam, l’intrusion du sel dévaste les cultures, forçant les habitants à fuir. Indonésie et Philippines essuient tempêtes, inondations et glissements de terrain à répétition. En Chine et en Inde, les côtes se retrouvent régulièrement à la merci des submersions, chaque tempête menaçant d’engloutir des villages entiers.
En Afrique, la sécheresse ne relâche pas la pression sur le Sahel. Niger, Somalie ou Burkina Faso voient le désert progresser, accéléré par le réchauffement. Plus au sud, Madagascar affronte des épisodes de famine, conséquence directe du manque d’eau. De l’autre côté de l’Atlantique, Guatemala et Haïti subissent de plein fouet l’intensification des ouragans et la précarité alimentaire.
Pour éclairer la diversité de ces situations, voici les principales régions concernées :
- Asie du Sud-Est : Bangladesh, Vietnam, Indonésie
- Afrique subsaharienne : Niger, Somalie, Madagascar
- Antilles et Amérique centrale : Haïti, Guatemala
Les conséquences du changement climatique frappent d’abord les pays en développement, souvent démunis face aux risques climatiques. La menace s’étire, sourde et persistante, du littoral asiatique à la corne de l’Afrique, des plaines fertiles aux îles les plus exposées.
Des îles et des nations au bord de la disparition : comprendre l’ampleur d’une crise mondiale
Sur la mappemonde, Tuvalu, Kiribati ou les Îles Marshall apparaissent comme des points minuscules. Pourtant, ces nations insulaires du Pacifique Sud sont à l’avant-poste de la montée des eaux. L’élévation du niveau des mers et la multiplication des événements climatiques extrêmes sapent littéralement leur existence, village après village. À Funafuti, capitale de Tuvalu, les familles voient la mer gagner du terrain, engloutir les terres, effacer les repères.
Simon Kofe, ministre du gouvernement de Tuvalu, porte la voix de son pays sur la scène internationale. Lors des assemblées aux Nations unies, il décrit sans détour la situation : ici, la disparition n’est plus une hypothèse, mais une échéance. Sur l’îlot principal de Fogafale, la vie s’organise autour des marées, de l’érosion et des inondations à répétition. D’autres États, comme les Maldives ou Nauru, explorent des solutions inédites : imaginer des villes flottantes, acheter des terres à l’étranger ou envisager le déplacement d’une partie de la population.
Quelques exemples illustrent la diversité et la gravité de ces situations :
- Tuvalu : submersions fréquentes, risque réel de disparition d’ici la fin du siècle
- Îles Marshall : salinisation des terres agricoles, départ progressif des habitants
- Kiribati : acquisition de terres aux Fidji pour relocaliser des familles
La crise touche aussi l’Océan Indien et les Antilles. À Antigua-et-Barbuda, la violence accrue des cyclones bouleverse le quotidien. Les gouvernements concernés lancent des appels, mais trop souvent, l’urgence se heurte à la lenteur des arènes internationales. Pour ces peuples, documenter, alerter, résister fait partie du quotidien, dans l’espoir de préserver l’existence même de leur nation.
Face à l’urgence climatique, quelles actions pour préserver ces pays vulnérables ?
La menace qui plane sur les pays menacés de disparition dans le futur mobilise des réponses inédites. Les petits États insulaires, réunis sous la bannière de l’AOSIS, se font entendre lors des rendez-vous onusiens. Leur combat : inscrire la justice climatique et le concept de préjudice écologique dans le droit international. La Commission des petits États insulaires en développement sur le changement climatique et le droit international plaide pour des dispositifs de protection et de réparation à destination des populations déplacées.
Sur le terrain, les initiatives se multiplient. L’association Alofa Tuvalu, épaulée par des acteurs comme Oxfam ou la Plateforme Océan et Climat, développe des stratégies concrètes : installation de systèmes d’alerte, préservation des mangroves, collecte d’eau de pluie. À Funafuti ou Majuro, la question n’est plus théorique. Faut-il miser sur les défenses côtières ou préparer un départ forcé ? Chaque jour, les habitants composent avec cette réalité, entre solutions locales et pressions globales.
Le rapport du GIEC est sans détour : sans réduction rapide des émissions, la montée des mers condamnera plusieurs territoires à moyen terme. L’ONU et l’IDDRI appellent à renforcer l’entraide mondiale, à repenser l’organisation des réponses climatiques, à garantir des fonds pour les pays vulnérables. La discussion avance, parfois à pas comptés. Pendant ce temps, la mer avance, et chaque vague grignote un peu plus la frontière entre la terre ferme et l’horizon marin.


